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Évaluer le potentiel d’une entreprise
À part le fait d’être plutôt gourmand, rien ne prédestinait Jordan Di Corpo à se retrouver à la tête de L’Amour du pain, une chaîne de boulangeries artisanales fondée en 2000. Ce diplômé de HEC Montréal pensait poursuivre une carrière en finance lorsque sa trajectoire a bifurqué vers le repreneuriat. Dans le cadre de son travail pour une firme d’investissement privé, il parcourait le Québec et constatait que plusieurs entreprises n’avaient pas de relève. « Je me suis dit : “C’est un bon moment pour un jeune comme moi qui a l’envie de prendre des risques, qui a l’ambition d’assurer la pérennité et de faire grossir une entreprise.” »
Jordan Di Corpo a ainsi fait le pari de quitter son emploi pour chercher une entreprise à reprendre. Les effluves de croissants chauds ont peut-être guidé ses pas : en septembre 2024, il trouvait son match parfait avec L’Amour du pain. « Bien sûr, que j’ai regardé les chiffres, la profitabilité, le potentiel de croissance, mais il y avait quelque chose de spécial dans cette boulangerie artisanale où tout est fait à la main. J’y ai trouvé la passion! », raconte l’entrepreneur de 29 ans.
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Apprendre des propriétaires
Si la pâte a bien levé, c’est aussi parce que la chimie était au rendez-vous avec Evelyn Trempe, qui dirigeait alors l’entreprise. Jordan Di Corpo n’aurait pu trouver une meilleure guide dans cette aventure. La femme d’affaires, cofondatrice de la marque de vêtements Orage, était aussi passée par un processus de rachat : il y a dix ans, elle-même avait fait l’acquisition de la première boulangerie L’Amour du pain à Boucherville. Celle qui a entrepris l’expansion de l’entreprise, notamment en ouvrant trois autres succursales, en centralisant une partie de la production et en développant 75 points de vente à travers le Grand Montréal et les environs, était prête à passer le flambeau.
La collaboration entre le repreneur et la cédante ne s’est pas terminée à la signature du contrat : Evelyn Trempe est demeurée actionnaire minoritaire de l’entreprise et a accompagné Jordan Di Corpo pendant toute la transition. « Pendant les six premiers mois, on travaillait ensemble tous les jours. Pour moi, c’était essentiel. Je ne connaissais pas l’industrie de la boulangerie et c’était ma première expérience entrepreneuriale. » Sa présence lui a notamment permis d’acquérir une légitimité face à ses partenaires et à ses quelque 80 employées et employés. Il a ainsi pu faire adopter sa vision et son rythme, tout en les rassurant sur son intention de préserver la qualité et l’aspect artisanal des produits de la boulangerie. « Tu as beau avoir toute l’ambition du monde, si ton équipe n’est pas derrière toi, tu n’iras nulle part », dit-il, rappelant l’importance de bien s’entourer.
Bon à savoir : la communication est un élément essentiel dans un transfert d’entreprise réussi. Pour acquérir toutes les connaissances nécessaires au bon fonctionnement d’une entreprise, vous devez d’abord établir une relation basée sur la confiance avec les propriétaires qui acceptent de vous la vendre. Vous avez ensuite avantage à faire preuve de transparence avec vos équipes et partenaires pour les rassurer pendant cette période de transition. Prenez le temps de leur expliquer quels changements vous voulez apporter et comment vous comptez préserver l’ADN de l’entreprise.
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Développer un réseau
En bénéficiant des conseils d’une équipe spécialisée en agroalimentaire de la Banque Nationale, Jordan Di Corpo a pu mieux s’outiller face aux enjeux propres à ce secteur. Un an après la transaction, il demeure en contact avec son directeur de compte. « Il m’encourage dans notre plan d’expansion, il m’invite à des événements et me fait rencontrer des gens dans l’industrie, dont des mentors. C’est sûr que ce soutien a une grande valeur pour moi! »
Entre-temps, le nouveau propriétaire de l’Amour du pain a ouvert deux succursales pour un total de six et compte en avoir une dizaine d’ici cinq ans. Son défi : faire grandir la marque tout en préservant son ADN. Troquer une carrière en finance pour la passion de la boulangerie était-il une bonne décision? « Je ne regrette pas d’avoir fait le saut! C’était un risque de quitter une carrière stable, mais ma vraie fierté, aujourd’hui, c’est de voir 80 personnes unies et engagées autour d’une vision commune axée sur la qualité et le développement de l’entreprise. »

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